Tous les mois, Dunkiin reviendra sur un joueur qui a marqué la NBA par son impact culturel
Le 26 juin 1996, les Sixers de Philadelphie sélectionnent Allen Iverson, un arrière de 1m83 avec le premier choix de draft. Il bénit la ligue de son talent dès son premier match en inscrivant 30 points et en distribuant 6 passes décisives.
AI, The little big man, Ankle breaker... Allen Iverson est une “réponse”, une réponse à la question “Qui succédera à His Airness Michael Jordan ?”, une réponse à ceux qui à l’époque considérait le hip hop comme une “sous culture”, une réponse aux juges qui ne le voyaient nulle part ailleurs que dans une prison.
Prélude
Allen Ezail Iverson née le 7 juin 1975 à Hampton en Virginie, sa mère n’a que 15 ans et il n’a pas connu son père. Il se retrouve à la rue à 16 ans, il vivra chez son coach de football américain de l’époque qui deviendra ensuite son agent.
Oui, au lycée, AI jouait au basket et au football, celui-ci préférait même le football, sport qu’il jugeait plus physique, il évoluait au poste de quarterback.
1993 marque un premier changement important dans sa vie, il gagne en notoriété après une excellente saison en Basket, “The Answer” apparaît alors. Cependant, cette même année, après une bagarre entre la communauté blanche et noire, démarré selon lui par des injures racistes à son encontre, il est condamné à 15 ans de prison. Heureusement pour l’histoire de la grande ligue, il est gracié au bout de quatre mois. Plus tard, en 1994, il décroche une bourse à Georgetown et entre dans l’équipe universitaire. C’est lorsque sa soeur tombe malade et qu’il lui faut des soins coûteux que The Answer choisi le Basket plutôt que le Football et s’inscrit à la draft de 1996.
Le Basket
Iverson démarre sa carrière NBA à Philly, il termine sans surprise rookie de l’année en 1997 après une saison en 23,5 points, 7,5 passes décisives et plus de 4 rebonds.
AI s’inscrit dès sa première année comme l’un des meilleurs joueurs à son poste dans la ligue. Il est un génie du scoring, possède un shoot raisonnable et maîtrise surtout la balle orange mieux que personne, il est vite surnommé The Ankle Breaker, que sa majesté Michael Jordan en soit témoin …

Du haut de son mètre 83, Iverson domine la ligue, plus particulièrement au début du nouveau millénaire. Il survole littéralement la saison 2000-2001, il plante 31 points par match en moyenne, Philly termine premier à l’Est, meilleur bilan à égalité avec les Lakers et AI est élu MVP de la saison régulière.
Il est important de souligner que c’est lors de cette année de 2000 qu’Allen Iverson est victime d’une fracture du bras, il reviendra sur les parquets avec un basketball sleeve (un manchon), la révolution Iverson démarre mais on y reviendra plus tard.
Il s’incline malheureusement en final face aux monstres que sont le Shaq et Kobe en 2001, mais ça n’empêche pas à Ankle Breaker de briller et d’aveugler le pauvre Tyronn “down” Lue de sa lumière divine au Staple Center.
Jusqu’en 2006 Allen Iverson est un joueur des Sixers, du côté individuel, il est irréprochable, il atteint sur la saison 2005-2006 sa pointe en scoring avec 33 points de moyenne sur la saison. C’est collectivement que ça cloche, Philly n’arrive plus à maintenir un bilan positif et les résultats en PlayOff sont mauvais.
Suite à des problèmes relationnels avec sa franchise de Philadelphie concernant ses multiples écarts de conduites et son envie de retrouver une franchise compétitive; il est trade à Denver contre Andre Miller, Joe Smith et deux tours de draft. Il rejoint alors la franchise des Denver Nuggets ou un jeune garçon talentueux drafté en 2003 commence à faire fortement parlé de lui. Allen Iverson et Carmelo Anthony sont donc le futur de la franchise du Colorado dont les ambitions sont très élevées. AI marquera 24 points de moyenne cette première saison puis 26 en 2007-2008.

Bien que dévastateur offensivement, ce duo avec Melo s’avère décevant, Denver peine a passer les tours de PlayOff et n’arrivera jamais à être réellement prétendant au Larry O’Brien Trophy.
La saison 2008-2009 annonce le début de la fin de la carrière du little big man. Il se retrouve dans un trade qui l’envoie au Pistons de Détroit en novembre 2008, blessé en fin de saison, Detroit ne lui proposera pas de contrat et AI sera laissé pour libre. Il tentera de se relancer à Memphis en 2009, mais il quittera rapidement l’équipe pour rejoindre sa famille.
Il signe un contrat en décembre de la même année avec son ancienne équipe de Philadelphie mais l’aventure ne durera que quelques mois, il doit quitter l’équipe à causes des problèmes de santé de sa fille… Il jouera son dernier match en février 2010 face à Chicago.

The Answer prend sa retraite officiellement le mercredi 30 octobre 2013 après quelques passages en Europe et en Chine. Depuis 2014, son emblématique numéro 3 flotte au plafond du Wells Fargo Center à Philadelphie et il rejoint le club des Hall Of Famers en septembre 2016.
BasketUSA The Fader
La culture et le style
Allen Iverson est un pur produit de la culture hip hop, sous le blase de “Jewelz” il sort même un album rap. Malheureusement il faut savoir que dans la fin des années 90 et début 2000 la NBA n’est pas aussi ouverte à cette culture qu’aujourd’hui. Le hip hop est une sous culture et la grande ligue ne veut pas se mélanger avec.
David Stern met en place un dress code interdisant le baggy et les chaînes en or. Le basket, ce sport d’afro-américain se doit de rester présentable et ça la NBA le sait bien…
Cette vision négative de la culture dont est issu Iverson n’empêche pas le joueur de s’exprimer. Son style fut, est et sera toujours emblématique, les tresses plaquées sous le bandeau, les tatouages, le manchon, les shorts longs, les casquettes… et tout ce qui faisait qu’Iverson était Iverson. Tout cela, il l’a popularisé, pour notre plus grand bonheur et aux plus grand malheur de la direction de la ligue.


Il est l’emblème urbain de la génération des années 2000 en NBA. Tout avec lui devenait emblématique, le manchon par exemple. Il servait à tenir son bras après sa fracture, ça n’a pas empêché AI d’en faire un accessoire incontournable dans le Basket d’aujourd’hui.
Ce n’est pas un hasard si Carmelo Anthony, Lebron James ou Chris Bosh par exemple arboraient au début de leurs carrières des bandeaux, des maillots et shorts trop grand, ou des tresses pour Bosch et Melo. Les jeunes en difficultés avaient enfin une référence dans la grande ligue, quelqu’un qui comme eux venait du bas, qui comme eux avait été bercé par la culture hip hop et qui comme eux avait des rêves
SNEAKERS
Tout comme Michael Jordan à l’époque, Allen Iverson a eu l’immense honneur d’avoir ses propres chaussures signatures mais sous la main de Reebok. C’est notamment grâce au numéro 3 que cette marque a connu son heure de gloire. Certaines de ses paires sont
tombées dans l’oubli d’autres sont devenues iconiques au point d’avoir eu le droit à des
rééditions, c’est l’heure de faire un rapide débrief de tout ça.
Tout d’abord AI avait l’habitude de porter des Air Jordan XI lorsqu’il jouait l’université de Georgetown mais lors de son entrée en NBA il a signé avec Reebok afin d’avoir des modèles adaptés à son style de jeu (ainsi que beaucoup d’argent et pour un jeune des quartiers ça a eu son importance).


Rookie Season: Reebok Question
Issu de la grande draft 1996 dans laquelle on retrouvait des noms comme Kobe
Bryant ou Ray Allen, Allen Iverson a montré qu’il méritait qu’on s’intéresse à lui
et à son style gangsta. Il lui fallait des chaussures adaptées à son style, c’est-à-dire à la fois explosif et plein de ruptures… Il faut un bon maintient pour crosser les plus grands défenseurs de la grande ligue. C’est notamment avec cette paire que le jeune numéro 1 de draft a violemment crossé MJ.
Au niveau de la chaussure en elle-même on retrouve un aspect assez similaire
aux Timberland que portait The Answer à l’époque, une grosse chaussure
montante avec des lacets imposants et des accroches pour ces derniers bien
visible. Il s’agit de chaussures en cuir avec une semelle blanche et de l’Hexalite
(ça se trouve au niveau du talon et de l’avant-pied).
L’Hexalite a été conçu afin de répandre le choc sur l’ensemble du pied. Ce sont les petites alvéoles qui ressemblent à des essaims d’abeilles) Ensuite sur la semelle basse on retrouve
un gel bleu glacier qui permet lui aussi d’absorber les impacts mais qui assure également une meilleure prise au sol. Sur le dessus de l’avant pied on voit un renfort qui permet à la fois d’apporter des touches de couleurs au modèle et de protéger les orteils ainsi que d’augmenter la durée de vie des chaussures. Le design de l’héxalite est repris sur la languette, en effet on y retrouve les essaims d’abeille.
Second Season: Reebok Answer 1


Bien qu’il ait connu une très légère baisse de régime sur son année de sophomore, Allen Iverson a brillé sur les parquets et ses chaussures n’y étaient pas pour rien. Cette chaussure était la suite logique des Reebok Question mais elles ont aussi permis de changer de cap… Pour symboliser ce changement de cap il fallait déjà trouver un nouveau nom et des personnalités pour promouvoir le projet Allen Iverson était donc la personne parfaite pour cette paire. D’ailleurs selon vous qui a donné le nom à l’autre ? est-ce que la chaussure a pris son nom sur le meneur ou bien c’est l’inverse ? Sachez que son surnom « The Answer » vient du lycée puisqu’il jouait à la fois quarterback au foot US mais aussi meneur au basket et gagnait avec les deux équipes.
Au niveau de l’aspect technique c’était ce qu’il y a eu de mieux à l’époque notamment au niveau de l’amorti en effet c’était un amorti DMX (rien à voir avec ce qu’on fait aujourd’hui mais à l’époque c’était pas mal du tout) bien voyant sur
la semelle extérieure. C’était réputé pour être vraiment confortable au point que
ça a été utilisé sur les modèles suivant.
Pour promouvoir cette paire, Reebok a sorti les grands moyens avec des beaux
effets spéciaux pour montrer que c’était un bijou de technologie et expliquer
comment le prodige qu’est Allen Iverson faisait pour crosser, on vous laisse
profiter
Au niveau du design et bien on retrouve du cuir sur la quasi-totalité de la chaussure au point que l’on ne voit presque pas les lacets, on remarque également des coutures faisant tout le tour de la chaussure et bien évidemment la pastille I3.
Sixth Season: Reebok Answer V

L’un des modèles les plus vu d’AI, très peu de défauts, un confort et un
maintien plus que correct, un nouveau système de lacets qui est plus simple mais
aussi plus efficace pour maintenir le pied. Le petit détail se cache à l’arrière du
pied, en effet il y a un petit scratch. Sinon on reste sur les bonnes bases avec du
cuir et de l’amorti de qualité.
Tenth Season: Reebok Answer IX

Des chaussures qui tirent un trait sur le design global du passé mais quand on regarde dans les détails on constate quelques similitudes, des scratchs un amorti bien apparent… Des chaussures plus agressives plus modernes, plus lourdes plus moches aussi…
Pour la première fois Reebok a utilisé la technologie Pump 2.0 sur le dessus du pied permettait d’offrir plus de confort et au niveau de l’amorti on est sur du DMX shear ce qui permet d’obtenir une forme si particulière.
L’arrière de la chaussure est également bien renforcé, lors de sa réédition Reebok a bien compris cela et l’a rendu encore plus apparent..
Deux scratchs pour maintenir la chaussure, sur l’un deux le classique I3 rappellent qu’il s’agit bel et bien d’ Iverson.
Fourteenth Season: Reebok Answer XIII

Bien que sa dernière saison ne soit pas la plus marquante de sa carrière il eut
quand même le droit à une paire de chaussure pour l’occasion. Cette dernière
marquera la fin de la longue série de chaussures signatures de AI…
Elles ont marquées bon nombre de fan de basket mais font désormais parti du passé…
Au niveau du design difficile de passer à côté des rayures sur l’ensemble de la chaussure ainsi que de la couture juste au-dessus de la semelle. Cette chaussure est bien plus légère que les premières sorties cependant ce n’est pas un poids plume pour autant cependant grâce à la technologie ETC elles ne retenaient pas la chaleur contrairement à ce que l’on pourrait penser.
Elles sont vraiment classiques au niveau de la forme seuls quelques points sont plus originaux comme les initiales inscrites sur la languette rectangulaire et le logo de la
marque un peu caché par les rayures ou encore le renfort au niveau de la malléole.
MONEY TIME
Après sa retraite, Allen Iverson ne sera plus la star qu’il à été, sa femme demande divorce, il devient alcoolique et se ruine … En 2013 il est accusé par son ex femme de retenir ses enfants en otages, les enfants seront rendus à leurs mères après un passage devant le juge.
Il tente en 2017 la BIG 3 League (la nouvelle ligue de 3v3), mais ne participera qu’à la première saison de cette ligue.

Pour terminer, Allen Iverson restera à jamais une légende de la balle orange, et une légende de la ligue. Il n’a pas eu accès aux mêmes chances et aux mêmes droits que tout le monde, le fait de naître et grandir dans un environnement compliqué a fait de lui un joueur unique mais aussi une star déconnecté de la NBA avec une hygiène de vie médiocre. Souvenons nous seulement de ses records, ses victoires, ses actions et son charisme car The Answer est la réponse à la question du mélange de culture et rien que pour ça, un grand merci à toi Allen “The Answer”Iverson.
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