Dunkiin a eu la chance d’avoir à son micro l’ancien joueur professionnel et international français Steed Tchicamboud. Pendant notre entretien en sa compagnie, on a pu échanger au sujet de son parcours, de sa carrière, de la grande ligue, et pour finir, de la culture basket. Et tout ceci, sans filtre, dans une bonne humeur communicative, et avec des anecdotes plutôt sympas.
I- Son Parcours
Dunkiin : Comment est ce que tu es tombé dans le basket ?
Steed : J’habitais à Corbeil-Essonnes dans le 91, et avec des potes nous jouions beaucoup au foot et au basket. En plus mon père est un ancien international Congolais. Donc j’ai commencé le basket sur les playgrounds. Mais sinon, je me suis inscrit en club vers 11/12 ans. J’ai un pote qui partait s’inscrire au club, donc je me suis dit « Pourquoi pas y aller avec lui ».
Dunkiin : Quand t’étais jeune, quelle était ton équipe préférée ?
Steed : avant de devenir pro, je ne suivais pas vraiment le basket. Même en arrivant au centre de formation, je ne pensais même pas devenir pro. Mais sinon c’était les Bulls et Jordan parce que tout le monde en parlait et tout le monde voulait des Jordan.
Dunkiin: Quel a été le passage le plus marquant/important de ta carrière ?
Steed : Le moment quand je suis passé de Nancy à Chalon. Je suis arrivé en tant que meneur scoreur, mais mon coach de l’époque (Gregor Beugnot) m’a dit qu’il voulait que je devienne un meneur gestionnaire. Au départ je me suis battu contre cette idée. Mais finalement, je me suis rendu compte que c’était la meilleure chose à faire pour que l’équipe gagne et que je sois le plus utile possible. Et c’est grâce à ça que j’ai été appelé en Équipe de France. Ça m’a vraiment permis de devenir un autre joueur, parce qu’avant pour moi, je devais juste avoir les meilleures stats possibles pour décrocher le meilleur contrat, mais cette mentalité n’était pas au service de l’équipe.
Dunkiin : Depuis ta fin de carrière tu as pris le poste d’entraîneur, et actuellement tu es l’entraîneur de Sorgues. Qu’est ce qui te plaît le plus dans cette nouvelle approche du jeu ?
Steed : Dans ma carrière j’ai connu que le monde professionnel, mais je ne calculais pas forcément les gens dans les bureaux, ou même tous ceux qui faisaient en sorte que tu te sentes bien ou que tu sois payé. Donc je me suis dit que passer mes diplômes serait une bonne idée. Parce que si j’arrive à inculquer mon basket à des amateurs, ça sera nettement plus simple avec des joueurs de Jeep Elite. Et après je garde dans un coin de la tête de monter, et finir le plus haut possible.
Dunkiin : Si tu avais un conseil à donner aux jeunes qui voudraient suivre tes traces, ça serait lequel ?
Steed : La détermination, la confiance en soi et le travail. C’est comme ça que j’ai fait, et c’est ce que j’inculque à mes enfants.

teed Tchicamboud sous le maillot de Chalon
II- Sa Carrière
Dunkiin : Si tu devais retenir un seul moment de ta carrière, ça serait lequel ?
Steed : J’ai fait plein de belles choses dans ma carrière, j’ai gagné des titres avec l’équipe de France, avec Chalon, j’ai été M.V.P du All Star Game… Mais le plus beau moment de ma carrière, je pense que c’était la demi finale de Playoffs contre Orléans,l’équipe de mon ami Amara Sy, qui nous a opposé une défense qu’on avait encore jamais vu. Mais ça nous a pas empêche de gagner le premier match chez nous, avant de perdre le second chez eux. Et pour le troisième match, de retour chez nous, on a été en galère tout le match. A la fin du 3e quart temps on était à -16. J’ai failli lâcher, mais je me rappelle de notre coach qui nous disait « lâchez rien, battez vous ». Alors on a sorti une zone presse jamais testé auparavant, et elle nous a permis de revenir à égalité. Il restait 30 secondes, donc notre coach prend un temps mort pour nous annoncer le système à jouer. Mais notre américain Blake Schilb, qu’on avait pas vu de la demi finale parce qu’il était très bien défendu par Amara Sy, nous dit qu’il ne veut pas de système et qu’il veut juste jouer son 1 contre 1. On l’a tous regarder en se disant « mais il est fou lui ». Mais finalement de retour sur le terrain, il prend son tir et marque. Et je pense que ce match restera mon plus beau souvenir.
Dunkiin : Si tu devais retenir un coéquipier, ça serait lequel ?
Steed : Je dirais Tony Parker. Il est tellement impressionnant, il va tellement vite. A l’époque, la première fois que je l’ai vu, je me souviens avoir dit « ah ouais quand même ». En plus j’ai créé un lien un peu particulier avec lui. La première fois que je l’ai vu, il m’a demandé « c’est toi Steed Tchicamboud ? » Donc naturellement je lui ai répondu « oui c’est moi ». Et la il m’a répliqué « j’ai entendu dire que t’avais une grande gueule ». Et je lui ai répondu « et moi j’ai entendu dire que t’avais la grosse tête ». Et suite à ça, il m’a invité à venir dans sa chambre le temps du championnat, et depuis on s’entend très bien.
Dunkiin : La chose qui te manque le plus à l’approche d’un match ou pendant un match ?
Steed : Pour être honnête le basket ne me manque pas vraiment, je vis les matchs à travers mon fils, et je ressens l’adrénaline d’avant match en tant que coach. Les seules fois ou je rechausse les baskets, c’est quand mes joueurs pensent être meilleurs que moi, donc je leur prouve l’inverse.
Dunkiin : Tu as joué 4 ans en équipe de France,qu’est ce que cette expérience t’as apporté ?
Steed : Ça m’a appris que dans une équipe il y a une hiérarchie, et qu’il y a des joueurs meilleurs que toi, même si j’ai eu du mal à l’admettre. Ça nous apprend à savoir comment aider l’équipe, et à connaître son rôle.
Dunkiin : Si tu devais décrire ta carrière en 5 mots, ça serait lesquels et pourquoi ?
Steed :
Regret : de ne pas avoir fourni assez de travail pour être encore meilleur
Accompli :
j’ai eu une belle carrière avec pas mal de titres à la clé
Belle :
Fierté : par rapport de l’endroit duquel je viens, et d’où je viens (parti de N1 jusqu’en Euroleague)
Excité : ça c’est pour mon après carrière, j’espère que mon fils en aura une meilleure que moi
Dunkiin : Comment est ce que tu penses que les gens se souviendront de toi dans le futur ?
Steed : Tout dépendra de la génération, je pense qu’à partir de 2005, les jeunes ne savent pas qui est Steed Tchicamboud. Mais sinon, je reste dans l’histoire du basket français pour avoir fait le triplé avec Chalon. Et si une équipe le refait, mon nom et celui de l’équipe ressortiront.
Dunkiin : (Question pour faire plaisir à Julie) Quels sont les meilleurs supporters des stades Français ? Et pourquoi ceux de Nancy ?
Steed : Ah ouais donc on ne me laisse pas le choix en fait. Mais je pense que les meilleurs supporters sont ceux de Chalon sur Saône, même si leur équipe baisse de niveau, les supporters seront toujours la, ce qu’on ne voit pas avec Limoges par exemple.
Mais sinon, j’ai toujours bien aimé les supporters de Nancy, j’ai toujours été bien accueilli la bas, on en m’a jamais hué, et ils ont eu une place importante pour nous aider à sauver le club de la relégation pendant ma dernière saison.

III- La Grande Ligue
Dunkiin : Quelle est ton équipe préférée ?
Steed : Alors la, la question est difficile, à vrai dire je ne saurais pas trop. Je suis beaucoup les français, mon fils jouait avec Kyllian Hayes, j’ai rencontré Théo Malédon à l’INSEP, j’ai présenté Clint Capela à mon agent, donc j’ai des liens avec tout ces joueurs. Mais sinon, je joue beaucoup à NBA 2K, que ça soit en carrière ou en My Team, et la mon équipe c’est les Bucks, parce qu’ils ont une grosse défense.
Dunkiin : Quel est ton joueur préféré ?
Steed : Michael Jordan bien sur. Et actuellement ça serait Giannis Antetokounmpo. Même si avant j’avais une grosse phase Derrick Rose. Et même pendant un match avec l’équipe de France, je suis parti demander un autographe à Dirk Nowitzki. Quand je suis revenu, Tony Parker m’ dit « mais qu’est ce que tu fais, laisses moi ». Et je lui ai répondu « c’est Dirk, laisses moi faire ce que je veux ».
Dunkiin : Qu’est ce qui t’impressionne le plus sur la différence entre le jeu européen et la NBA ?
Steed : Les qualités athlétiques des joueurs, quand on voit des joueurs de 2 mètres 15 courir aussi vite, dribbler et shooter aussi bien, ça fais bizarre. Et on en a un exemple en ce moment en France avec Victor Wembanyama. La première que je l’ai vu jouer, j’étais choqué, je me suis dit « ahh ouais… » C’est vraiment impressionnant, lui je te le dit, et retiens le, mais c’est un futur premier choix de draft.
Dunkiin : Il y a un peu plus d’un an, arrivait le premier match de saison régulière à Paris, qu’en as tu pensé ?
Steed : Je ne regarde que très peu la saison régulière en NBA, parce que les joueurs ne sont pas à fond, donc pareil pour le match à Paris, j’ai pas trouvé ça fou. Mais c’était une très bonne chose pour la France. Mais c’était à l’américaine, le show avant tout. Par exemple j’ai été voir les Rockets jouer en 2017, et c’était le show Harden. Mais c’était beaucoup mieux pendant les Playoffs. Même si il s’est salement fait contrer par Manu Ginobili à la fin du match.
Dunkiin : Quelle serait ton favoris pour le titre ?
Steed : J’aime beaucoup les 76ers personnellement, mais attention à Brooklyn aussi. Mais par contre je ne vois pas les Lakers ni les Clippers, à moins que la piste Kyle Lowry se concrétise.

IV- La Culture Basket
Dunkiin : Quel serait ton film préféré ?
Steed : He Got Game. Le film montre toute la détermination de Ray Allen, et tout ce qu’il peux se passer en université pour les joueurs n’ayant pas suffisamment la tête sur les épaules.
Dunkiin : Pour toi, quelle est l’équipe la plus iconique de l’histoire de la ligue ?
Steed : Je dirais les Bulls de 1998, avec la dernière action de leur saison, ce shoot après le cross de Michael Jordan.
Dunkiin : Quel est pour toi le joueur qui a le plus impacté la ligue culturellement ?
Steed : Je pense que c’est Stephen Curry, il a totalement changé la façon de voir le jeu avecses shoots à 12 mètres, et maintenant Damian Lillard qui le suit, c’est un délire.
Dunkiin : Peux tu me faire un 5 majeur All Time (+ 6e homme et coach) à l’affect, pas au niveau ?
Steed :
PG : Derrick Rose
SG : Michael Jordan
SF : Blake Schilb
PF : Giannis Antetokounmpo
C : Shaquille O’neal
6th Man : Steed Tchicamboud
Coach : Gregor Beugnot

L’affiche de He Got Game réalisé par Spike Lee
Et voila, c’est fini pour aujourd’hui, et pour cet entretien avec le grand Steed Tchicamboud qui aura su nous livrer certains de ses ressentis et quelques anecdotes croustillantes. Merci à lui pour sa disponibilité et sa sympathie tout au long de notre discussion.
Yann Zerari