Comme vous le savez sûrement, la NBA est friande de nouveaux crossovers avec des marques n’ayant rien à voir avec le basket. Ce fût par exemple le cas ces dernières années avec des marques de luxe, telles que : Louis Vuitton, Tissot, Zadig&Voltaire ou encore de nombreuses autres filiales. Mais si ce sujet vous intéresse, vous pouvez tout de suite consulter notre tout nouveau podcast mode en collaboration avec ClutchTime. Mais le crossover qui nous intéresse aujourd’hui, ne concerne pas une marque. En effet, depuis plusieurs années maintenant, la grande ligue s’investit de plus en plus en politique. Et cela est marqué par les prises de positions récurrentes de joueurs ou même d’anciens joueurs. Et ce sujet est encore plus d’actualité à ce jour, suite à l’affaire George Floyd, qui a grandement secoué les Etats-Unis. C’est donc pour ces raisons que des stars de la ligue telles que LeBron James, Michael Jordan ou encore Stephen Jackson montrent leur engagement pour la cause au grand public.

LeBron James portant un t-shirt “I can’t breathe” en hommage à Eric Gardner en 2014
I- D’où vient cet engagement ?
Les prises de positions de la NBA sont assez récentes. En effet, peu de temps après l’arrivée en 2014 d’Adam Silver en tant que commissionnaire, l’affaire Donald Sterling vint faire vibrer le monde du sport américain. Cette affaire donna le ton à la mission de Silver, celle de n’accepter aucune discrimination, et de prôner l’ouverture d’esprit, et le progressisme. Dans ce but, et grâce à l’appui des joueurs, la NBA a décidé de lancer en 2015, une campagne contre les armes à feu. Silver a également été aperçu lors de la gay pride de New York en 2016 sur un char aux couleurs de la NBA , accompagné de plusieurs dizaines d’employés de la ligue. L’engagement de Silver dans la politisation de la ligue est indéniable, et en représente la raison majeure. Mais cet élan de politisation n’aurait jamais pu avoir lieu sans l’implication sans précédent des grosses têtes de la ligue dans le combat.
II- Qui sont ceux qui portent ces mouvements ?
Comme on a pu le voir précédemment, les joueurs NBA sont les plus grands acteurs de ce mouvement de politisation. On peut penser instinctivement a Lebron James et au Miami Heat, qui après la mort de Trayvon Martin, abbatu par un gardien de bâtiment en 2012, pour la seule raison qu’il portait un hoodie, et que l’on ne distinguait donc pas bien son visage. Suite a cela, ils avaient décidés de porter un hoodie en guise de protestation. Et de nouveau Lebron James, qui lors de l’échauffement d’un des matchs du Heat, arborait un t-shirt noir, sur lequel était marqué la phrase : “I can’t breathe”. Cette initiative qui a été repris par un bon nombre de joueurs servait à dénoncer le meurtre d’Eric Gardner en 2014 par des policiers agenouillés sur sa nuque lors de son arrestation. Gardner a alors declaré la phase » I can’t breath. Cette action a vraiment fait prendre de l’ampleur au combat des joueurs. Et ça ne s’est pas atténué. En effet, suite à la prise de position de Carmelo Anthony, à l’époque, joueur des New York Knicks, le combat changea d’ampleur. Melo n’évoquait plus seulement les violences policières, mais plus globalement, le malaise social entre racisme et politique aux Etats-Unis. Il a alors fait appel à ses comparses, afin qu’ils participent eux aussi à la prise de parole, et qu’ils contribuent à faire changer les choses, et ceux, peu importe le nombre de contrats publicitaires qu’ils allaient perdre.
Ces joueurs qui sont pour la plupart afro-américains, prennent majoritairement position pour le mouvement “Black Lives Matter”. Ce fût encore le cas récemment, suite à la mort de George Floyd a Minneapolis, ami de Stephen Jackson, ancien joueur entre autre des Pacers de l’Indiana ainsi que des Golden State Warriors. Jackson présenta tout son soutien a la famille Floyd lors d’une commémoration à son honneur. Il prit également la parole quant au sujet du racisme aux Etats-Unis. Ce qui fit de Jackson le nouveau porte parole du mouvement qui exprime un ras le bol de toute la communauté afro-américaine. De plus la ligue encourage les prises de paroles de ces joueurs, en effet c’est une cause extrêmement importante pour Adam Silver. Mais ce n’est pas tout, la ligue prend également parole grâce au NBPA (National Basketball Player Association) et a son directeur du côté des joueurs, Chris Paul.
Mais les stars de ce sport ne sont pas les seuls à essayer de rendre ce monde plus juste. En effet, certains joueurs un peu moins côtés se servent aussi de leur influence pour dénoncer les actes racistes. C’est par exemple le cas de Kyle Korver qui a écrit une lettre en janvier 2019 pour The Player’s Tribune. Que je vous invite à lire pour mieux comprendre le contexte “du privilège blanc” aux Etats-Unis. Dans cette lettre, Threezus, démontre avec l’expérience de Thabo Sefolosha, brutalement arrêté par la police New Yorkaise en 2014, et celle de Russell Westbrook, insulté à cause de sa couleur de peau par un fan à Salt Lake City fin 2018, qu’il à de la chance d’être blanc dans un pays comme celui ci. Korver montre que grâce à sa couleur de peau, il a le pouvoir de choisir de quel côté il veut être, il a le pouvoir de choisir si il veut défendre ses coéquipiers, ou choisir d’être à la place du fan dans les gradins. Et il termine sa lettre en disant : “il est temps pour moi de la fermer et d’écouter”.

Les joueurs du Heat rendant hommage à Trayvon Martin en 2012
III- La NBA, un exemple à suivre ?
La NBA est la première grande institution sportive américaine à réellement prendre position sur les sujets sociétaux important. Et cela est majoritairement du, comme on l’a vu tout à l’heure, à l’arrivée d’Adam Silver en temps que commissionnaire. Donc depuis 2014, énormément de joueurs prennent la parole pour dénoncer des faits, ou alors utilisent leur influence pour mettre en place des actions à but caritative. Et bien que cela ne soit pas nouveau à proprement parler, on peut par exemple citer l’engagement de Magic Johnson dans la prévention contre le VIH dans les 90’s, de nos jours, ces actes sont beaucoup plus nombreux, et ils sont réalisés à une échelle différente. Aujourd’hui, les actions politisés des sportifs NBA sont devenues communes, ce qui a donc fait rentrer la grande ligue dans une autre dimension du point de vue de leurs interactions sociale. En effet, la ligue ne laisse dorénavant passer aucune forme de discrimination, et s’engage même à lutter contre. Ce qui à première vue n’est pas rentable pour la marque, étant donné le nombres de sponsors potentiellement perdus. Et cela irait à l’encontre de la machine à cash qu’est la NBA. Mais est ce que ça ne serait pas ça la suite, faire passer les relations humaines avant le business, est ce que la NBA ne serait pas précurseur d’un mouvement à une échelle encore plus grande, je vous laisse y réfléchir. Mais en tout cas ce qui est sur, c’est qu’actuellement, la NBA a décidé d’agir, et cela peut importe les conséquences.
Comme nous avons pu le voir, les prises de position politique des joueurs et de la NBA en personne deviennent beaucoup plus nombreuses depuis un bon nombres d’années, et cela dans tout les domaines. C’est devenu beaucoup plus facile de dénoncer certaines choses, et ça, les joueurs l’ont bien compris. Ils se servent donc de leur influence et de leur image, pour faire passer un discours. Et ces actions s’inscrivent dans le sens d’une Amérique nouvelle, dans laquelle aucune discriminations ne seront acceptées. Et bien que ce combat ait déjà été mené sans succès il y a de cela 60 ans, cette fois ci, et grâce à l’investissement d’un grand nombre de personnalités, beaucoup espèrent que ça sera la bonne.
Yann Zerari