
Il y a 20 ans, le monde du sport perdait Wilt Chamberlain. L’un des plus extravagants, dominants, emblématiques (et victorieux) sportifs. À 63 ans, le scoreur le plus fou de notre sport s’éteignait d’une crise cardiaque. À sa mort, Bill Clinton en parlait comme une « figure du siècle » et le New York Times le décrivait comme le meilleur joueur de l’histoire du Basketball. Du haut de ses 216 centimètres et de ses 120 kilos, Wilt a connu une carrière magnifique remplie de records personnels et de victoires collectives. Phénomène sur les parquets il l’est aussi en dehors des terrains et The Record Book est considéré comme la première « rockstar » de la NBA. Il a eu un impact incroyable sur notre ligue favorite. D’un point de vue technique, il a poussé le basket-ball bien plus loin que ce que l’on pouvait imaginer à l’époque. D’un point de vue social, Wilt et son compère de toujours, Bill Russell, ont beaucoup oeuvré contre la ségrégation aux USA. Enfin Wilt est aussi connu pour ses sorties extra-sportives, son sex-appeal, ses films, ses déclarations, son style tellement années 60. Wilt est un personnage compliqué qui semble avoir toujours tout réussi. Très vite touché par le racisme, il fera tout pour plaire à tout le monde, ou au moins être tellement dominant que le débat ne puisse avoir lieu. Entre ses déclarations osées et ses saisons à 50 points de moyenne, découvrons plus précisément qui était Chamberlain.
L’un des plus grands athlètes
Un homme de 2,16 mètres pour 120 Kilos capable de courir aussi vite que D’Aaron Fox et de sauter aussi haut que Vince Carter, voila comment on pourrait décrire les qualités athlétiques de Wilt sans tomber dans des kilomètres de superlatifs. Ce corps, Wilt se l’est bâti au fur et à mesure de sa vie. Avant le basket le jeune Wilt faisait de l’athlétisme et principalement de la course. Reconnu par tout le monde comme le plus rapide à son âge, Wilt montre déjà des atouts physiques hors normes. À 10 ans, du haut de son mètre 84, il comprend que sa taille lui serait un atout au basket et s’y mets dès l’âge de 13 ans. À 15 ans, il mesure plus de 2 mètres et enchaîne sa saison de basket au lycée et sa saison d’athlétisme et devient champion de saut en hauteur. À cette période le jeune Wilt s’entraîne à dunker sur des paniers de 3,65 mètres soit 60 centimètres de plus que la norme.

Après 3 années à l’université de Kansas, Chamberlain rejoint les Harlem Globetrotters. Collectif professionnel de joueurs afro-américain qui cherche à mettre en avant la technique et l’athlétisme des joueurs noirs qui ont alors du mal à trouver des places dans les ligues majeures du pays à cause d’une atmosphère nationale extrêmement raciste. Sa vitesse et son handle sont tellement impressionnants que son coach, Abe Saperstein, le fait jouer meneur. Oui un meneur de 2mètres16, le Ben Simmons avant l’heure.
Le géant arrive en NBA en 1959, où Bill Russell (2,08m ) domine les raquettes depuis 3 ans. À son arrivée certains juge son physique trop longiligne. Mais dès son premier match, face aux Knicks, le pivot pose un 43 points 28 rebonds. Le monstre est né. Il tourne en 38/27, finit meilleur marqueur et MVP pour sa première saison. À partir de là, la carrière de Wilt est lancée. Pendant 15 saisons Wilt the Stilt écrasera la NBA de son talent et de ses muscles. La domination est telle que la NBA doit changer certaines règles. Il est tellement long et grand que la ligne des lancer-francs est reculée pour éviter qu’il ne puisse la déposer dans le cercle en se penchant. Le seul capable de répondre ( et plutôt bien ) à cet ogre du basket n’est autre que son meilleur ennemi Billou Russel. Bien au delà des normes physiques de l’époque, les deux athlètes vont se rendre coup pour coup pendant 10 ans et bâtir the rivalry. La première rivalité de la NBA. On reviendra plus tard sur sa carrière NBA en elle même.
Apres une carrière longue de quinze, saisons Wilt ne s’arrête pas là et décide de jouer au Volley-ball. En effet lors de la saison 1969-1970, le pivot se blesse au genou et commence à s’intéresse à ce sport pour se rééduquer et continuer d’entrainer sa détente et les autres aspects physiques de son jeu. Byron Shewman, un ancien professionnel nous raconte que Wilt était un très bon frappeur grâce à sa puissance naturelle.

Par contre Big Fella avait du mal à utiliser son corps immense de son mieux et ses mains géantes l’empêchaient de maîtriser la balle correctement, « his hands were so big he couldn’t set the ball ». À l’époque il y avait peu d’alternance dans le jeu et de rotation ce qui faisait donc de Wilt Chamberlain un joueur ultra efficace dans son rôle. Lors d’un match de gala regroupant les meilleurs joueurs de l’Est contre l’Ouest, Shewman déclare « he played as well as any hitter Ive ever seen. ». Certains le considèrent même comme le meilleur beach volleyeur de tous les temps.
Wilt a donc marqué la NBA par des records intouchables, mais son physique et sa mobilité impressionnante pour son âge ( plus de 40 ans) ont marqué toute une génération de volleyeur. Pour conclure cette partie physique, n’oublions pas qu’en 1961-1962 il tourne à plus de 48 minutes de moyenne, il a manqué que 8 minutes de jeu sur les 80 qu’il a participé. Une bête.
On retrouve aussi quelques anecdotes croustillantes comme la fois où il a humilié Magic Johnson à 45 ans, ou qu’il a soulevé plus de 200 kilos au calme dans les bureaux du Madison Square Garden. Je vous laisse chercher pour plus de détails.
Un recordman
Si je devais décrire Wilt Chamberlain à des personnes qui ne connaissent rien au basket je parlerais forcément de ses records. Tous plus intouchables les uns que les autres, quoi de mieux que d’attirer l’attention d’un non initié à la NBA en disant « un jour un homme a marqué 100 points en un match ». D’un point de vue personnel, le bonhomme propose un des palmarès les plus incroyables de la ligue : 13 fois all star, 7 fois meilleur marqueur, 11 fois meilleur rebondeur, 1 fois meilleur passeur ( oui un pivot meilleur passeur ça existe), 2 fois Champions, 10 fois All-NBA, 1 fois MVP du all star game, MVP des finales et Rookie of the year mais surtout 4 fois MVP.

Toutes les cases sont donc cochées. Sur l’ensemble de ses 1045 matchs et ses 47 859 minutes il tourne en 30,1 pts (premier égalité avec son altesse Jordan) ; 22,9 rebonds et 4,4 passes de MOYENNE ! Mais Wilt détient à lui seul 71 records de la NBA dont certains qui sont tout simplement IN-TOU-CHABLES. 100 points en un match le 2 mars 1962; 55 rebonds le 24 novembre 1960; 50,4 points lors de la saison 1961-1962; pendant longtemps le scoreur le plus prolifique avant que Kareem-Adbul-Jabbar ne le dépasse en 1984. D’ailleurs heureusement que les contres n’étaient pas comptabilisés à l’époque parce qu’on aurait facilement pu se retrouver avec des matchs en 20 pts / 20 rebonds /20 contres /10 passes / 10 interceptions. C’est d’ailleurs à cause (ou grâce) à lui que le Goaltending a été créé. Au-delà de toutes ces statistiques, les records de Wilt ne font que traduire la domination du Monsieur. Mais à ce niveau dominer physiquement ne suffit pas; on parle là d’une domination technique qui lui a permis de pousser le basket tellement loin.

Mais aussi d’une emprise mentale sur tous ses adversaires directs qui ne pouvaient que subir les attaques du pivot. D’un point de vue des reconnaissances Wilt est un des rares athlètes ( si ce n’est le seul ? ) à faire parti du Hall of Fame de deux sports ( Basket et Volley). Finalement, si on se contente uniquement de ce qu’il se passe sur les parquets Wilt est déjà l’un des joueurs les plus flashy et extravagants de l’histoire. Il existe tellement d’anecdote sur lui montrant à quel point tout était possible avec lui. Durant toute sa carrière il n’a cessé d’abattre les frontières de son sport et des lois de la physiques en général.
Un style vestimentaire savoureux

Pantalon large, chemise à rayures de couleurs et torse saillant. Wilt est un homme des années 60 et 70. Comme toutes les stars de cette époque il adopte un style absolument génial. Qui, d’un point de vue du style peut s’asseoir à sa table ? Walt Frazier c’est sur, P.J Tucker pourquoi pas, mais certainement pas Tim Duncan.
Son style coloré correspond à merveille à son jeu. Si on s’en tient à la duke style chart des années 70 (produit de beauté de l’époque qui ont réalisé une sorte de typographie des styles ) Wilt correspond au « perfecto », étonnant n’est ce pas ? Une coupe bien tracée, un bouc parfaitement assorti de fines pâtes qui le rejoignent au niveau du menton.
Pour confectionner votre Wilt Chamerblain parfait il vous faudra :
- une paire de chaussette interwoven esquire socks. Une marque de chaussettes qui se ventait d’« announcing the best-dressed men in America ».
- Un pantalon Dexter : marque totalement oubliée mais qui était spécialisée dans les pantalons pattes d’éléphants à rayures. Leur slogan était « join the dexter movement ».
- Pour le haut une chemise enkablure en nylon à motif suffira à condition qu’elle soit ouverte au niveau du torse.
- En chaussures, on optera pour une paire de Giorgio Brutini dans sa collection « the city Cowboy collection ». Brutini est un magasin de chaussure qui se situait au 350 de la 5ème avenue et était très en vogue grâce à ses origines espagnoles et parisiennes.
- En accessoires, on opte évidemment pour un petit médaillon doré appuyant à merveille le torse musclé de notre ami. Un chapeau de couleur assorti au pantalon. Et pour conclure un manteau long.

Toutes ces références sont choisis à partir du livre Taschen sur la mode des années 70. La majorité de ces marques ou de ces produit n’existent plus et n’ont pas forcément marqué l’histoire. Pour cette raison, on vous propose un outfit 100% Wilt composé à partir d’articles Asos que vous pourrez donc acheter en toute simplicité.
Le haut : on peut opter pour une chemise à imprimé ou pour un combo chemise blanche et blazer fermé .
Le bas : on peut partir sur un pantalon noir à fines rayures pour le premier haut tandis que pour le deuxième cherche quelque chose de plus élaboré comme ce pantalon à rayure rouge ou encore ce pantalon très coloré .
Chaussures : pour les chaussures, on propose quelque chose de plus classique pour éviter d’en faire trop. Alors voici une paire de bottine en cuir classique mais efficace.
Accessoires : pour compléter ce style 3 accessoires semblent indispensables. D’abord le chapeau ( ici noir mais adaptable en fonction des couleurs choisis ). Ensuite, un pendentif doré. Enfin, une belle chevalière .
Bon évidemment Wilt n’était pas tous les jours en tenue de sortie et adoptait parfois un style plus classique notamment pour des émissions télé à base de smoking noir et chemise blanche. Mais parfois aussi il avait un style décontracté et là rien de plus simple que ça. Des converse noire, des chaussettes hautes, un short court en coton et enfin un débardeur classique . Ce style est évidemment plus conseillé quand on a la musculature du Big Musty.
Un mythe
Dès son premier pas posé sur un parquet NBA Wilt va prendre une autre dimension en passant d’un athlète géant à une immense star, reconnue par tous. Réel phénomène il permet, dans un premier temps, à l’essor de la NBA en écrivant avec ses copains Russell, Roberston, Baylor la première page de l’histoire de la grande ligue. Après sa retraite NBA il a également permis à la ligue de volley d’être enfin télévisée et promue grâce à son énorme médiatisation. Les gens veulent toujours voir plus de Wilt Chamberlain, et cette volonté va durer jusqu’à sa disparition. Cet attrait pour ce personnage incontournable du monde sportif aux USA dans la deuxième partie du XXème siècle, est particulièrement entretenu par Wilt lui même. Autour de ça, sa légende va grandir quand chacun ira raconter sa petite anecdote.
Pour commencer dès son entrée dans la ligue il devient le joueur le mieux payé de la ligue et signera à chaque fois le contrat le plus haut possible, signant d’ailleurs le premier contrat à 1 million de dollars. Tant ses records impressionnent, l’enregistrement radio de son match à 100 points est conservé au registre national américain comme une « œuvre historique ». Si on continue sur sa simple carrière NBA on peut aussi parler du fait qu’il ne gardait pas ses trophées et préférait les donner.
Outre cette vie de sportif, on le retrouve aussi dans une multitude d’autres domaines. Comme la télévision où dans une émission il déclara être capable de battre Mohammed Ali sur un ring de boxe ( n’essayez pas de trouver des archives le combat n’a jamais eu lieu). On peut aussi trouver une multitude d’interview dans lesquelles il envoie punchlines sur punchlines comme après son match à 100 points, où il explique qu’il a simplement marqué plus de points que d’habitude. Des interviews où il dit que Jordan n’est pas le GOAT, qu’il n’aime pas Abdul-Jabbar enfin bref il avait la langue bien pendue. À côté, il a également tourné dans Conan le destructeur en 1984 avec Arnold Schwarzenegger mais également dans un caméo, l’enfer du dimanche juste avant sa mort.
Comme sur les parquets l’homme touche à tout et il a mis un pied dans le monde de la littérature avec ses deux livres « A view from above » rédigé en 1991 et « Who’s running the Asylum?« . Si ce dernier est un peu passé aux oubliettes le premier, qui retrace la vie du numéro 13 selon ses dires, a été au coeur d’une polémique qui fait encore parler aujourd’hui. Wilt déclare dans son livre qu’il a connu plus de 20000 partenaires sexuels. Cette affirmation a longtemps été un sujet dans les médias people aux USA et Wilt est même revenu dessus en disant que le vrai chiffre s’approchait plus des 2000 (ce qui reste un score très honorable).

Pour comprendre son sex-appeal il suffit de l’écouter en parler : « le basket est une grande partie de ma vie. Le sexe aussi est une grande partie de ma vie. C’est pour ça que je suis célibataire. ». Notre bon Wilt a même poussé la chansonnette, on peut retrouver deux de ses morceaux sur YouTube ( That’s easy to say et by the river).
Athlète surhumain, Basketteur de génie, Wilt est connu de tous bons fans de NBA. Il fait partie de ces joueurs, stars dont la popularité n’a cessé d’augmenter avec les années et même dans 100 ans Chamberlain restera le joueur le plus incroyable de notre sport. Malgré une enfance difficile, des moqueries sur ses jambes trop longues, des critiques sur ses résultats collectifs, des scandales autour de son hygiène de vie et des polémiques plus de 20 ans après sa retraite, la vie de Wilt reste un exemple de réussite. Le plus incroyable avec Wilt c’est les innombrables anecdotes qu’on retrouve à son sujet et participent à la construction d’un réel mythe. Comme si Wilt avait tout vécu, tout gagné ( ce qui est un peu le cas en réalité ). Quoi de mieux que de conclure par des hommages de deux des meilleurs joueurs à son postes :
Kareem Abdul-Jabbar parle de son ennemi idéologique comme « l’un des meilleur de tous les temps, et on ne verra jamais un autre joueur comme lui ». Dans un autre registre, son adversaire de toujours et ami déclara à sa mort « il est et restera mon ami pour l’éternité ».

Une réflexion au sujet de « Wilt Chamberlain, la première star de la NBA »